Deux entreprises sarthoises privées de transport par rail
jeudi 2 décembre 2004, par Lionel
Sous la pression de Bruxelles et du gouvernement, la SNCF doit ramener à l’équilibre financier, avant 2007, son activité fret.
Les solutions :
privilégier les transports rentables,
réévaluer les tarifs voire refuser certains chargements.
En Sarthe, deux grosses entreprises viennent d’en faire les frais : « Chaque semaine, c’était deux trains de 14 wagons qui quittaient la gare de Connerré (Sarthe), chargés de palettes d’eau et de sodas, à destination de la plate-forme logistique Carrefour de Mondeville (Calvados). Depuis septembre, c’est fini. Résultat : ce sera 2 700 camions de plus par an sur les routes. Merci la SNCF ! »
Discours rodé d’un responsable cheminot CGT ? Pas du tout. C’est le directeur logistique France de l’embouteilleur Roxane (la marque Cristaline) qui parle.
Depuis quatre ans, Olivier Robineau faisait livrer par le rail quelque 10 % de la production de l’usine d’Ardenay-sur-Mérize, située à l’est du Mans. « Au printemps, la SNCF nous a expliqué que ce n’était plus rentable pour elle. On nous a proposé de payer trois fois plus cher. Le débat était clos... »
Pour le fabricant de papier d’emballage Allard, niché au bord du Loir, à Aubigné-Racan, la décision a été encore plus brutale. « On n’a même pas pu discuter, relate Jean-Mary Guittier, directeur logistique du site. On nous a dit que c’était terminé. Nous avons juste pu négocier un délai. de trois mois, jusqu’au 1er octobre. »
Chaque année, 100000 tonnes de fret entrent et sortent du site sarthois d’Allard. « Un tiers du tonnage utilisait le rail, l’équivalent de 1300 camions par an. C’était l’idéal. On a une voie ferrée qui relie l’usine à la ligne Tours-Le Mans », précise JeanMary Guittier, qui fait remarquer que « Allard paye pour l’entretien d’un embranchement qui ne sert plus... »
Du côté de la SNCF, on assume sans langue de bois. En 2003, l’activité fret a perdu 450 millions d’euros en France pour un chiffre d’affaires de 1,7 milliard. « Or, on doit être à l’équilibre avant 2007, rappelle Philippe Brasselet, directeur du fret pour les Pays de la Loire. On améliore notre organisation et la qualité du service. Mais cela ne suffit pas. Identifiés comme très déficitaires, un certain nombre de trafics ont vu leurs prix réévalués. » D’autres sont carrément stoppés « faute de pertinence économique ».
En bon logisticien, Olivier Robineau convient que la SNCF n’a pas vraiment le choix : « Mais que les politiques arrêtent de nous bassiner avec le développement durable et les dangers du tout camion. » En Sarthe, pour la première fois depuis trois ans, le nombre de tués sur la route augmentera en 2004.
Auteur de l’article de Ouest France : Patrick ANGEVIN.